La RHUMY - 1: Vive les vacances.

Bonjour je m'appèle Doudou, j'ai bientôt neuf ans et je suis en vacances chez ma grand mère Jeanne à la ferme en montagne.

Avec moi est venu, comme d'habitude, mon cousin Pierrot qui est beaucoup plus jeune que moi car il n'a que sept ans et demi.

Nous avons retrouvé avec un grand plaisir Tonton Christian qui habite à la ferme aussi. Il est plus vieux que Papa mais lui, il est toujours prêt à jouer avec nous et puis à nous donner des coups de mains pour faire plein de trucs, y sait tout faire Tonton. Il parait qu'il fait des montagnes pour trois fois rien d'après Mamy Jeanne qui dit aussi qu'il est un peu simplet, qu'il a les boyaux dans la tête qui sont tout mal rangés, nous on s'en moque: il est bien rigolo.

Cette année, surprise en arrivant, Tonton avait sorti la vielle caisse de rhum du grand père. Elle était dans un coin du grenier de la grange depuis toujours et il nous était interdit de la toucher, pourquoi ?...

Le Tonton dans la cour la frottait à grande eau et nous dit que c'était pour nous, un cadeau afin d'y ranger nos jouets. Une fois sèche la première chose que Pierrot a fait c'est de sauter dedans en tenue de pirate criant qu'il avait maintenant un bateau.

Tonton était mort de rire car pour lui un bateau, ce n'est pas autre chose que la barque de pêche pour aller aux brochets sur le Doubs, pas une caisse en bois si belle soit elle. Pierrot pris la mouche et croyant qu'on se moquait de lui, partit je ne sais où.

Quand il est revenu, c'est avec une lourde planche à laver le linge en bois, toute disloquée,  comme il y en avait avant, dans le temps. Il disposa son énorme  chargement sur la caisse et déclara non sans fierté, qu'à présent son bateau avait un pont et qu'il était bien mieux que la barquette du Tonton. Un trou de la part de mon oncle et une perche de haricot plus tard, pour moi ce n'était toujours pas un grand navire, surtout de pirate.

Sur quoi, Gaston, le voisin, a débarqué en beuglant comme une jeune vache, qu'un gamin lui avait piqué sa machine à laver, l'un des rares souvenirs de son épicière de femme. Après un petit canon pour l'excuse avec le Tonton, il nous a donné la planche, mais dans quel état ils étaient tous les deux.

Ils voyaient deux caisses... Chacun la sienne... Sans se rendre compte de celle qu'ils tenaient.......

Tôt le lendemain matin, j'ai été réveillé par une sorte de chant guerrier comme les indiens, venant de la cour. Tonton, le mât du bateau dans une main, tel Don Quichotte devant les moulins à vent dansait autours de la caisse en faisant avec sa bouche des bruits: " Hé hé, trac et teur et teur et trac ... trac, trac, trac..."

"Qu'est ce que tu fais Tonton Christian ?"

"Quoi ?... On va faire un tracteur" me cria-t-il. Le coup de rouge d'hier soir avec le Gaston, il n'y a pas que la Mamy qui ne l'ai pas digéré, je crois bien. " Tu vas faire un tracteur avec une boite tout juste bonne pour y mettre des patates !... T'es un peu brindezingue mon gosse ! "  rugit grand mère depuis le pas de la porte de la cuisine, celle qui donne directement sur la grande cour.

"D'abord c'est pas une boite de patates mais la caisse de rhum du père et pis t'es toujours à me contredire, j'vais chercher des roues... ". Le cousin levé par les cris, ne compris pas que l'on puisse mettre des roues à son bateau.

Ha ! Les belles roues !

L'oncle avait pris celles de la brouette à lait comme on disait ici, du moins de ce qu'il en restait. Un genre d'espèce de fardier, fabrication revue et corrigée par grand père, qui servait autrefois à porter les bouilles de lait à la fromagerie derrière la mairie.

" Y en faut juste une Tonton, pour faire le guidon du bateau ! " précisa Pierrot.

" Non" répondit sans appel l'oncle " On va faire un tracteur pour descendre la côte des trois cerisiers, là derrière."

Depuis le temps qu'on y pensait moi et mon cousin à faire ou à trouver une carriole pour la descendre, même sans neige, cette côte !

On en avait parlé avec Pierrot la première fois à Noel en y faisant de la luge, puis à Pâque car il avait réussi à chiper un des patins à roulettes de sa grande soeur, ma cousine, pour faire des essais illuminatoires comme il disait.

Le Pierre que Mamy Jeanne appelait pour le petit déjeuner, sa nouvelle trouvaille sur la tête, une casquette aérée à visière étroite portée sur le côté, était déjà sur la caisse à faire des Vroums Vroums, Tutute et compagnie...

 



17/07/2009
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