Le blog du Bédouin

Elle était là, notre voiture, tel que nous l'avions laissée hier au soir, toute nappée de rosée, semblant toute gaie sous le clair soleil du matin.

Le frère de papa, assis sur un des petits bancs, tout pensif, le coude sur un genou et le poing sous le menton me fit penser que Rodin avait du être agriculteur lui aussi. Je pris la même position, juste en face de lui, les fesses sur le sceau du puit. " A quoi tu penses Tonton ? "...... " A la lune. " me repondit-il, " Nan, mais pour de vrais ? "

Sur quoi le Pierre débarqua tambour battant  " Z'ai trouvé le casque de la compétition pour faire d'la v'outure de courses ! "

Ce qui eu pour effet de sortir l'oncle de ses songeries, " Y a tout les organes de direction à faire maintenant, pas de la tarte... pas de la tarte... "  " De la tarte à quoi  mon z'entil Tonton Christian s'il te plait merci " car quand il s'agit de sucrerie, le cousin sait manier politesses et flatteries avec un peu d'exagération, même. Ce matin, ses ze-ze à répétition et son petit air tristounnet qui le ferait passer pour un chérubin battu par le diable en personne, annonçaient un caprice oubien une question quelque peu épineuse au sujet d'un truc entendu quelque part qui mettait bien dans l'embaras celui qui devait y répondre.

Tonton, toujours aussi peu bavard, ce qui ne lui ressemblait guère, après s'être levé, étiré, baillé et gratté le crâne, se dirigea vers sa porcherie d'atelier. Nous le suivimes à distance respectueuse, Pierrot le nez en l'air comme si l'idée qu'il avait derrière la tête depuis son réveil  lui pesait beaucoup.

En, ce qui nous parut un clin d'oeuil, l'oncle avait tiré de quelques grosses chuttes mals équaries de magnifiques paralellépipèdes de bois. Deux, bien que de longueur et section différentes furent destinées à coincer l'axe des roues avant. Surprenant ! Tout était parfaitement d'équerre et finement raboté. Sur une paire de poutres de récupération servant d'établi, trônaient ces trois joyaux d'ébénisterie.

" Dit mon Tonton chéri, avec quoi qu'on va faire le guidon ? "

L'interrogation annodine se transforma vite en fameuse question épineuse car personne jusqu'ici n'y avait songé, même pas moi !

" Ben ... peut être un volant " dit l'oncle si surpris, qu'il n'en était même plus sûr. " Nan, nan, nan ... faut un gidon ! Mon Papa à moi, il a dit qu'un guidon c'est fait pour guider les v'outures. Le volant c'est pour les n'avions qui volent ! " Très gèné par cette logique implacable, le Tonton nous mis à la porte de son antre en précisant  toute fois " C't'après midi, on va à l'annexe chercher du fourbi pour finir les organes de direction." Sur quoi, il assembla ensemble ses chef d'oeuvre directeurs avec ... des Vis !!!

L'annexe était située à l'autre bout du village, c'était en des temps reculés une belle grande étable où l'on menait les vaches avec leurs veaux têtant, les génices, le taureau enfin tout ce qui ne donnait pas ou plus de lait. L'endroit était féérique, la riche prairie entourant la bâtisse était nichée au creux de deux vallons boisés et s'élevait gentiment jusqu'à l'abreuvoir, taillé dans une énorme pierre de calcaire d'où coulait une source d'eau si pure que les habitants de la régions y viennent encore en puiser pour boire. Beaucoup lui attribuent des vertues curatives voir magique car si fort soit le froid de l'hiver, elle ne gèle jamais dans le bassin.

A la mort de grand père, Tonton en a fait son annexe. C'est à dire qu'il y entreposait tout ce qu'il pouvait récupérer. Encore mieux, il invitait les gens des environs à venir y déposer leurs rebuts, si bien que l'endroit aurait fait palir de jalousie le plus nanti des ferrailleurs. Sa plus belle pièce étant un chassis de camion datant d'avant la dernière guerre, fraichement repeint en vert SNCF, dont il voulait à tout prix faire tourner le moteur à nouveau.

Seule grand mère, heureusement, n'était pas dans le secret,  ses vielles jambes ne lui permettant plus de marcher jusque là, l'oncle en avait profité pour transformé l'endroit en un véritable dépotoir municipal.

On réussi, bon gré malgré, après avoir remué plusieurs tonnes de détritus, à dénicher les organes directifs manquant, à savoir: une grosse bride de sortie équipant une chaudière à vapeur, un collier de raccordement du même diamêtre, quelques tubes de chauffage et une plaque un peu percée dont je ne compris pas l'utilité sur le moment. De retour à la ferme, on disposa nos trouvailles sur l'établi, en exposition aux côtés de l'assemblage si bien manufacturé par l'oncle au matin.

On ne vit pas Tonton de la soirée, cependant il nous avait laissé un message codé au dos d'une boite de cammenbert ,que Mamy malgré tout son savoir caché, ne compris pas non plus. Seul Pierre, le malin, paru déchiffrer le sens caché, voir secret de cette phrase si compliquée, mais il en garda la clé pour lui tout seul.

Voici son contenu:

Les organes de direction ou directeurs doivent permettre la translation rotative de l'équipage du train mobile matérialisé par les roues de devant.