La RHUMY - 9: Des freins sans tambour.... ni trompette.

Une vive querelle avait éclaté hier soir au soupé entre Mamy et Tonton. Au file du temps, c'était devenu entre eux chose courante voir presque comme un sport et rare étaient les journées qui ne comportaient pas deux ou trois rounds. Ce qui me  chagrinait c'est que notre voiture en était la cause.

La Mamy prévoyant les catastrosphes domestiques mieux qu'une cartomantienne, avait décreté qu'il serait hors de question que nous montions sur cet engin de mort si celui ci ne fut équipé d'un frein. Entre nous, je me voyais mal négocié l'unique virage de la côte des trois cerisiers sans un freinage efficace, déja qu'en luge une fois sur deux on allait embrasser le tas de fumier du père Jeannerot, en contre bas.

Parti en claquant la porte, il avait passé une grande partie de la nuit à réaliser les divers composants d'un système à la lueure de la lampe à pétrole.

Il s'était inspiré des diligences de caw boy, deux chuttes de cloisons alvéolaires trop courtes faisaient office de leviers. L'une ralongée par un fer en T, l'autre surmontée d'une poignée réalisée d'une bobine de ficelle, sur laquelle il avait enroulé une chambre à air de vélo, le tout planté sur un bout de tige en inox. Le luxe quoi !

Le freinage proprement dit serait assuré par une calle de 2 CV adaptée, munie d'une forte plaque de fer en guise de ferrodo. Des articulations juditieuses étaient prévues pour assurer un bon contact avec la roue, mais l'affaire n'était pas encore jouée !

Au petit matin, les yeux rougis, Tonton avait tout installé dans la cour. Il avait positionné la caisse, le siège et avait trouvé la combine du dossier avec deux cagettes, sans doute volées à grand mère.

Il avait déniché je ne sais où un archaique cric hydraulique qui servait dans l'instant à maintenir la bête sur trois pattes. Trainait aussi par terre son seul et unique véritable instrument de mesure: les restes d'une règle d'écolier de bois carrée, preuve que de grandes mesures allaient être prises.

L'oncle avait choisi de réaliser les axes d'articulations du frein en 20 milimètres de diamètre, pour les roues le 30 était tout indiqué car il correspondait presque aux dimensions de la barre à mine. De toutes manières et dans toutes ses réalisations il utisait soit du 20 soit du 30.

Voici pourquoi.

Au dessus de l'auge à cochons destinée à présent au rangement de l'outillage, était suspendu une petite étagère sur laquelle reposait toujours l'appareil de mesure appelé par l'oncle appréciomètre, car comme son nom l'indique, il sert à apprécier de courtes distances.

Au dessous, sur des ficelles, pendait toute une collection de rondelles, rebut de la manufacture de décolletage du village. Particularité, elles avaient toutes leurs diamètres extérieurs identiques. Concernant le trou intérieur, un vaste choix s'offrait avec du 20 milimètres ou du 30. Lorsque le besouin s'en faisait sentir  l'oncle piochait dans l'une ou l'autre ficelle, et il passait un temps infini à adapter l'objet aux dimentions de la rondelle.

Le Gastounet en accompagnie du Pierrot arrivaient en tournée d'inspection. Le voisin, bien mal lui en pris, clamat haut et fort en rigolant d'avance: " Les six rondelles sont de retour ! ". L'oncle pâlit. " Tu ferais mieux de monter les axes définitifs avant de faire ça, ça fait un temps de Dieu qu'ils sont coupés..." . L'oncle hurlat. Une bordée de jurons digne du capitaine Haddok, mais en plus vert où il était question de nous tous, la Jeanne en tête de peloton. Petit Pierre sans le vouloir en repassat une couche en sortant de derrière son dos un trente trois tours de Berthe Silva: " Tiens Tonton, un disque pour faire le frein de l'aute roue, comme sur la v'outure de Papa. ". Le voisin à l'origine de la plaisanterie s'était tourner pour finir de rire tout son saoul.

L'oncle dont le Pierre était le chouchou incontesté, pris l'objet et lui dit " Viens!... On vat y réfléchir.". Resté seul avec le Gaston, nous descidames de mettre en place ces axes nous même et pour commencer, on débarrassa le plancher.

Il  ne nous fallut pas plus de cinq minutes....

... pour mettre un bazard sans nom dans la cour.

Evidement, le demi centimètre de jeu sur l'axe avant était si important que les roues pouvaient se braquer toutes seules, sans qu'on ne touche à rien. Déscision fut prise de tenter de retrouver et mettre en place l'axe du diable !

Dans la grange, nous trouvames l'objet déja préparé ainsi que deux fers plats muni de fort anneaux de métal. L'oncle avait tout prévu sans rien dire. La mise en place fut un jeu d'enfants car le support si bien confectionné avait été étudié pour.

Dans l'après midi, ce que fit en tout premier lieu notre oncle fut de mettre en place le disque de frein fantoche, sous les regards médusés du Gaston resté le midi à manger avec nous. Ce dernier ce préparant à faire un commentaire, se fit éconduire par un " Ca vat on connait la musique ! "

Plus tard, lorsque tout son monde fut rassemblé, le Tonton mis en place le système de frein, fonctionnel celui là. Il opérat d'une manière théatrale, ce déplaçant inutilement en son antre comme pour faire à son retour une nouvelle entrée en scène sous les ovations de l'assistance publique. Rendant complexe les opérations les plus élémentaires, le tout accompagné de grands gestes et d'outils totalement incongrus pour la situation. L'affaire finalement se corsa pour de bon lorsqu'il fallut mettre en place le gros rond de fer à béton destiné à relier les deux leviers. Plus tard, l'oncle un peu penaud fut bien content de trouver la main secourable du voisin pour ranimer la flamme de l'antique forge, n'ayant point servi depuis au moins quinze ans.



02/08/2009
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