La RHUMY - 8: Le boitier de transmission dynamique croisé

La dernière fois que l'oncle s'était afollé comme ça remonte à deux ans quand il avait mis le feu à la grange. Rien de bien grave, mais Mamy avait profité de la venue des pompiers bénévoles de la commune pour leurs faire vider le tas de saloperies acumulés dans l'endroit, en partie responsable du sinistre. Deux voyages en camion furent nécessaire pour évacuer les imondices qui se retrouvèrent tout naturellement à l'annexe !

Tonton avait chaussé les lunettes rondes de grand père preuvent d'une grande agitation céréblale.

Il tenait d'une main tremblante quelques gribouillis réalisés en toute hate sur du papier d'embalage de la boucherie. " Ha ! Vous voilà quand même !" s'écriat-il à notre descente de lit " Dépèchez vous, y a un gros gros problème...". Un échange de regard avec le cousin suffit à nous mettre sur même la longueur d'ondes: celle des grandes catastophes.

C'était un vrais gros problème. Le trou du mât qui devait servir pour la direction tombait pile poil en face du tuyau figurant l'arbre de transmission. Si encore l'oncle l'avait calculé pour le faire expret, on aurai eu toute les chances de tomber à côté, mais là non !

Notre Gastounet de voisin venu comme chaque matin en tournée d'inspection d'éclara " Il n'y a pas trente six solutions, il n'y en a qu'une: la bonne ! " On était bien avancé, tient ! Pour Tonton faire un deuxième trou était la solution la plus simple, s'il ne fallait pas décaler tous les organes de direction par la suite en vue d'un bon alignement.

Le Pierrot sur ces entres faits était arrivé avec - le pare bise - " Dit mon Tonton à moi, y faut aussi des lumières comme sur les vraies v'outures. Hein mon Tonton ? " Allons bon, nous étions en train de résoudre un grave défaut de conception de notre prototype et lui, il faisait comme ces femmes qui construisent leurs maisons à vouloir poser les rideaux alors que les fenètres sont encore chez le menuisier. Et l'oncle donnat raison à son Pierre, ils partirent à la porcherie, nous laisant en plan moi et le voisin.  " Drôle d'histoire " dit le Gaston " sur toutes les bagnoles, il y a un boitier de direction qui permet d'éviter tout ça. Et d'ailleurs qui ne sert qu'à ça ! La colonne arrive comme ça dans le boitier, le boitier fait ce qu'il faut qu'il fasse et ça repart comme ça, en faisant bien attention que ça touche rien nul part." La gesticulation seule, illustrant ces propos savants, m'avait fait comprendre la grande utilité du dit boitier ainsi que sa complexité. Et nous par dessus le marché on avait un croisement !...

On parti chez lui pour le constater de visu sur la 203 recyclée en poulaier ,depuis la fermeture définitive du magasin, pour cause de déménagement à la cloche de bois de Madame Gaston, épicière de son état. La voiture quoi qu'assez récente était déja très abimée. Elle servait uniquement à faire deux tournées et demie par semaine dans les hameaux isolés.

Pendant ce temps, Pierre et Tonton oeuvraient sur des broutilles.

Ils avaient fixé en bas du cadre, à grand renfort de clous, un carrelet de sapin après avoir déniapé au petit bonheur la chance les baguettes fixant les reliefs de la prestigieuse toile. L'oncle avait sacrifié la boite de conserve contenant sa réserve de clous et également celle à peinture afin d'en tirer deux phares. Ces derniers, étant prévu d'être positionnés de part et d'autre du pare brise, une longeur supplémentaire avait été réservée.

A mon retour, à onze et demi, la caisse pourvue de ces accessoires était l'admiration de grand mère, qui avait même apporté avec elle le splendide radiateur. De mon côté, j'avais sous le bras dans un papier journal un inestimable cadeau: le compteur de la 203, que le Gaston avait réussi tant bien que mal à extraire de sa gangue de fientes, de plumes et de rouille. Devant l'allégresse de Mamy Jeanne, je me promis de garder pour plus tard la présentation de mon butin.

Suite à une véritable crise de nerfs du cousin, Tonton consenti à mettre les phares du véhicule à l'avant.

 

L'oncle lisait à table ce que grand mère ne supportait pas. Comme c'était pour la bonne cause, cette fois ci elle ne dit rien. Il avait sorti de je ne sais où un traité de mécanique moderne datant de 1927, et cherchait dans les feuillets moisis de l'ouvrage une inspiration salvatrice à son lézard, de transmission rotative croisée, comme il disait. " Quand vous serez levés les gosses, ch' te jure que j'aurai trouvé qu'ette chose. Toniche ! "

Le Tonton était pourvu d'une imagination débordante, parfois pas très logique pour tout le monde, voir pour personne. " Regardez, ce qu'il faut c'est un organe qui permette à deux axes de se croiser au même endroit, en continuant de tourner sur eux même à des vitesses de rotatives différentes. Ca existe pas encore, mais je vais y réfléchir. Nous comme c'est pour de rire: on peut y foutre un machin qui ressemble à ça et pi c'est tout. " Il venait d'inventer: le boitier de transmission dynamique croisé !.. L'image qu'il nous montrait - boitier de renvoi d'angle à pignons coniques - me fit penser à un objet pendu au mur, dans lequel il rengeait un minuscule pot de peinture dorée, embalé dans du coton et qu'il ne servait jamais. Je m'écriais soudain:

" Ca ressemble à ça ! "

Point de vue imagination, je dois également tenir de mon oncle car le dévidoir de papier toilette, en bois de pin massif, n'avait de commun avec le schéma qu'un côté arrondi. " Ca c'est ton père qui la fait quand il était à l'école pratique, un exercice quoi. Je vais voir ce que ça peut donner, mais avant je vais ranger la peinture d'or dans ma chambre. " Et, le noble frère de Papa, s'eclissa avec son pot comme un voleur en flagrandélit.

Je savais bien que c'est Papa qui l'avait fait, pendant longtemps il était pendu dans la cabanne au fond du jardin qui servait de toilette à toute la ferme. Il était d'ailleurs toujours vide puisqu'un clou garni du journal de la veille remplissait sa fin de vie en recyclage bien utile à toute la communauté, même illettrée. Comme personne ne regardait jamais dedant, sa seule fonction fut de cacher les cigarettes des jeunes hommes de la maison. On racconte encore aujourd'hui vers la fin des grands repas de famille comment le Christian réussi, par des manoeuvres douteuses et des marches arrières sans visibilité, à écraser comme une crèpe l'indispensable édifice en voulant faire une petite place de radis avec le tracteur! Le seul rescapé de la catastrophe fut ce dévidoir qui nageait dans le fond, et mon père concluait ainsi l'accident " Moralité quand tu sers à rien, tu finis peut-être dans la merde mais au moins tu vis longtemps ! " 

En attendant, il vivait sa dernière heure de distributeur entre les mains de l'oncle. Ce fut son fabuleux destin à lui.

Je doute qu'il puisse un jour reprendre sa fonction initiale mais l'affaire se présentait bien dans son nouveau rôle. On sorti le mettre en place après avoir coupé en deux notre morceau de PVC et présenté ce qui devait commander la direction. Le tout fut fixé à la mode de Tonton, qui rajouta même un gros fer plat mal tordu à une des extrémités alors qu'un goutte de colle aurait suffi.

Le boitier avait été laissé ouvert pour les règlages et graissages postérieures.



30/07/2009
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